1.Ceci est la première charte produit par l’ensemble du collectif afin de nous situer, positionner et rallier.
2.La « crise » du logement ne fait plus aucun doute. Partout dans Bruxelles dorment des logements vides détenus par des propriétaires bourgeois, ou des agences immobilières qui jouent honteusement au jeu de la spéculation. Partout les marchands de sommeil profitent de cette crise et des familles s’entassent dans des logements insalubres ou trop petits. Partout des propriétaires en profitent pour arnaquer leurs locataire pris à la gorge.
Le collectif Piratons-Bxl affirme que l’élargissement du squat, c’est à dire la réquisition des bâtiments vides, est une réponse à cette « crise » du logement.
Là où le droit inaliénable et fondamental à vivre dignement sous un toit décent est remit en cause par la propriété privée lucrative, le collectif met en cause la propriété privée lucrative comme droit fondamental.
Là où la gentrification pousse petit à petit les classes populaires vers la périphérie de la ville, le collectif réaffirme le droit de ces classes populaires à habiter au cœur même de la cité.
Là où les squatteurs, les précaires, et les sans papiers sont de plus en plus criminalisés, nous affirmons le droit inaliénable de ces derniers à squatter, autant par conviction que par nécessité.
Là où des lois volontairement complexes laissent le locataire souvent inconscient de ses droits et démunis face à ses propriétaires, nous voulons informer ce premier de l’ensemble des dispositifs légaux utiles à sa survie et à sa dignité.
3.« Pas de guerre entre les peuples, pas de paix entre les classes.»
En définitive, nous prônons l’établissement de Zone d’Autonomie Temporaire (TAZ) comme moyen de vivre pleinement nos libertés à l’intérieur d’un système oppressif qui ressemble de plus en plus à une immense cage et à l’intérieur duquel nous sommes sommé de nous taire.
Pour ce faire, le collectif Piratons-Bxl, se réapproprie les bâtiments vides, les investit, y logent des gens poussés par des besoins ou des convictions pour y réinventer et y vivre un Monde moins oppressifs.
Un monde où le capitalisme, le sexisme, le racisme, l’homo-transphobie, le spécisme et toutes autres formes d’aliénation et d’oppression ne rentre qu’avec honte et difficulté.
Un Monde où l’autoritarisme – que nous vomissons également – est renvoyé au rang des mauvais souvenirs.
Un Monde où personne n’est illégal.
4. « Papiers pour tous ou tous sans papiers »
Ainsi réfutons nous les concepts de frontières et de Nation et prônons nous l’incendie des « centres fermés », euphémisme pour désigner les prison pour sans-papiers criminalisés, et par extension la destruction de tout système carcéral.
Nous opérons dès lors sur nous même et sur le monde un travail de déconstruction des carcans et barrière que nous impose la société actuelle pour réinventer des règles de vie en commun, sortir des conventions établies et créer nos propre règles, loin des cadres normatifs qui prétendent commander à nos attitudes et à nos jugements sur le comportement d’autrui.
5. Nous savons que chaque être est porteur d’oppression. C’est pourquoi, loin de nous considérer comme parfait agent de non-opression, nous tentons au mieux d’appliquer à nous même les exercices de critique et de déconstruction que nous voulons porter à l’ensemble de la société. Par cela, nous récréons une culture commune à travers laquelle nous nous améliorons perpétuellement en apprenant les uns des autres et a travers la prise en compte des chaque sensibilité qui composent notre communauté de squat.
Au final, c’est un mode de fonctionnement anarchiste que nous adoptons. Ce mode de fonctionnement implique la création d’un ordre commun débarrassé du pouvoir, de la hiérarchie et des chefs où personne n’est plus légitime qu’un autre. Toute décision est prise entre nous dans un système d’horizontalité, de transparence, d’écoute et d’entraide. Ainsi s’établissent nos règles, à travers la délibération et l’acceptation collective.
6. « L’ordre moins le pouvoir. »
Loin de nous renfermer sur nous même, notre collectif se veut être concrètement le chemin de traverse entre le Vieux Monde et le Monde à Venir. Pour ce faire, il veut établir avec les quartiers où il s’installe de véritable relations humaines, d’entraides, de service et de compréhension en se rendant le plus inclusif possible.
Au delà du quartier où s’implantent les squats, nous aspirons à une solidarité entre toute zone d’autonomie temporaire à Bruxelles et ailleurs dans le monde en vue du partage de nos expériences, de nos compétences, et d’une solidarité face à la répression ou aux tracas matériels de la vie quotidienne.
CONCRÈTEMENT , notre collectif se veut ce lieu d’échange d’expérience, de service, de savoir faire, à l’intérieur d’une sphère de solidarité où la gratuité tient lieu de règle, où l’entraide fait force de loi, et où tout peut constamment être remit en question, à commencer par la présente charte. Un lieu inclusif et ouvert, où chacun peut trouver sa place en dehors de la séparation généralisée imposée par le système actuel.
Nous n’attendons plus que vous.
A très vite.