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Anarchistes, tous égaux ou tous élus ?
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Les Anarchistes : tous égaux ou tous élus ?

C’est d’une plume lourde mais décidée que j’écris ces mots…

L’élitisme bourgeois est à dénoncer tout autant que le sexisme ou le racisme. Et pourtant, dans notre milieu nous n’en parlons jamais. Et dès que cela est rendu possible, il y a toujours une bande de bourgeois pour écarter le sujet. Entendons nous bien, tout bourgeois n’est plus aujourd’hui un ennemi, tout pauvre n’est pas toujours un allié non plus. La lutte des classe a toujours eu ses limites. D’ailleurs, tout une série de privillégié-es ont choisi d’être anarchistes et de rejoindre, si pas souvent créer ou mener le mouvement (c’est peut-être là, la nature du problème sur lequel nous reviendrons) anticapitaliste. Et bien entendu, le fait qu’ils soient des traîtres à leur classe est non seulement une aubaine mais aussi une chose dont nous devons prendre acte . Ce fait est indéniable et malgré tout le classisme persiste et signe. Il est temps d’ouvrir les yeux, le milieu est aujourd’hui aussi hostile aux plus pauvres que celui des Beaux-Art ou celui du cinéma par exemple, pour n’en citer que deux.

Quand je parle des plus pauvres, je ne parle pas de celui ou de celle qui a quitté sa belle et grande maison en campagne où les parents lisaient le monde diplomatique sur un fond d’Arte après être allé chercher leurs enfants aux cours privés de piano ou d’équitation à bord de leur voiture de fonction remplis de produits équitables ou bio pour aller vivre « la liberté » en squat dans lequel il n’y a ni eau, ni électricité. Je veux parler de celui ou celle qui à 5 ans a du rester seul-e ou entassé-e avec ses frères dans un salon de 9 mètres carré devant TF1 en mangeant les fricadelles les moins chères du LIDL parce que maman récure les chiottes d’un cabinet d’avocat pendant que papa nettoie les rues après le passage de jeunes hipes venus danser et boire pendant les apéros Urbain devant le palais de la Justice. Quand je dis cela, je ne veux pas rentrer dans le cliché mais bien illustrer un écart d’existence, d’éducation, d’habitus et de départ dans la vie active et indépendante entre le petit-moyen-grand bourgeois1 et le/la pauvre qui a vécu dés sa naissance les conséquence économiques du capitalisme.

Du point de vue culturel et social, le précarisé est aussi pénalisé et handicapé à beaucoup de niveau de son existence. Quand une religion aussi ancienne que le capitalisme régit un monde d’argent pour les un-e-s et de travail pour les autres, le pauvre type sera plutôt poussé dès sa tendre enfance à faire de l’argent le plus vite possible pour acheter ce que le que le système lui vend pour soi-disant atteindre le bonheur. Et ce, même si croyant-e d’une autre religion monothéiste, plus vieille encore, dictant aux pauvres de se satisfaire de choses simples tout en dictant aux riches d’être charitable. Le/La pauvre, lui apprend très vite que la charité du riche, si elle arrive, n’atteindra jamais le partage égalitaire. L’inégalité, elle la vit, il la connaît, elle l’intègre assez vite dans son quotidien.

La plupart des pauvres vivent entre eux, dans les mêmes quartiers pop’ ou dans les mêmes écoles difficiles. Que ce soit en ville ou en campagne, les plus pauvres se croisent dans les mêmes magasins ou supermarchés discount, les mêmes bars miteux, les mêmes activités pas chers ou populaires. Dans l’angoisse permanente de ne pas joindre les deux bouts, de pas pouvoir régler à temps les problèmes avec les huissiers ou d’atteindre des « rêves inabordables », il ou elle aura bien souvent comme préoccupation de courir après l’argent rapide. Et en fin de chaque course aussi aliénante que violente, il ou elle aura plus souvent tendance à se réfugier dans une activité qui ne le/la fera plus ou pas réfléchir sur la complexité de notre monde. Bien entendu, je ne veux pas en imageant une norme le généraliser à tout individu mais les statistiques sur de nombreux sujets sont formels quant aux heures passées devant la télé(2)pour la majorité écrasante des classes populaires après de longues heures de travail abrutissants ou non. De plus, notre savoir chaud nous apprend que mêmes si les activités citées ici sont dans les seules activités véritablement quantifiables scientifiquement, elles sont loin d’être les seules à être qualifiables de pures divertissement consommables. Mais même s’il serait intéressant d’approfondir tout ça et qu’il est lié au sujet, il est important d’en revenir à celui-ci.

Notre milieu est truffé de codes, de concepts et d’évidence à intégrer dans une phase soi-disante permanente appelée la déconstruction. Ainsi, on entendra souvent dans la bouche de personnes que l’on voit débarquer depuis peu (et qui ont eu envie de rester), mais aussi de la part d’autres anarchistes plus habitué-es qui ont choisi de travailler sur une nouvelle question dans leur rapport au monde, « Je suis en pleine déconstruction ». De l’autre côté, dans la cour des grands, il y a d’une part celleux qui veulent donner des leçons particulières aux jugé-es novices avec qui iels ont de l’affinité. D’autre part, il y a celleux qui au contraire « ne supportent plus d’entendre certaines choses ou d’avoir les mêmes débats fatiguants » et qui soit sont prêts à donner une véritable correction à celleux qui ne sont pas dans les rangs ou qui n’ont pas fait leur devoir, soit veulent évoluer dans des endroits dits «safe ». On jugera alors qu’un endroit est « sécurisé » ou « sécuritaire » soit si une certaine catégorie de personne n’y sont pas (pour leur nature d’oppresseurs) soit si les personnes qui fréquentent cet endroit respectent les règles tacites ou écrites. Mais elles sont en tous les cas censées être reconnues par tous et toutes. Encore faut-il avoir déjà le vocabulaire adéquat et comprendre certains mots, certains concepts venant bien souvent de la sociologie, des sciences politiques, d’auteurs anarchistes reconnus ou bien directement de luttes précises. En plus de connaître des mots, il faut en oublier beaucoup d’autres…anéantir des expressions entières pourtant ancrées en nous pour se faire respecter, écouter et surtout ne pas se faire taper sur les doigts avec une latte en bois. Ainsi, des listes entières d’insultes à bannir, de marchandises à ne pas acheter, de comportement à adapter ou non sont parfois distribuées autour de nous pour recevoir des gommettes invisibles mais certifiées anarchistes. Les manuels sont auto-dictés, c’est à dire que chacun-e qui veut partager, mais aussi imposer un raisonnement avec autorité, écrira sa propre brochure qu’ielle pourra distribuer à tout le milieu et ressortir au moment voulu comme argument choc.

Est ainsi venu une mode aujourd’hui, le fameux « C’est pas anarchiste… » permettant d’édicter nos lois, et d’imposer son anarchie aux autres. Pour ne citer qu’un exemple, cette fameuse brochure moralisatrice apprenant à quiconque que le freeganisme3 était un acte de lâcheté et de facilité tendant à normaliser la consommation d’êtres vivants tués pour notre plaisir et le profit des gros capitalistes. Est-il vraiment nécessaire de souligner cette posture privilégiée bourgeoise qui consiste à juger celui ou celle qui ,sans un rond, aurait le malheur de toucher au fruit défendu par la sainte bible anar’. Même si ce genre d’initiatives restent souvent de l’ordre de la théorie et de la philosophie, les racines idéologiques prennent forme dans les actes, les pratiques et notre réel.

Notre réalité est alors bien souvent celui du malaise ambiant. Nous n’osons plus aborder certains sujets avec d’autres personnes de peur d’être en confrontation avec celles-ci et/ou que cela ne se traduise forcément par une gue-guerre interne puérile et des ragots « interclans » absurdes qui n’auraient souvent même pas lieu si les principaux concernés se disaient directement les vérités en face à face. Et au-delà, de celleux qui ont appris à danser avec agilité et courage sur ces nombreux files scabreux ou tendus, il y a évidement celles et ceux qui viennent d’entrer dans le cirque et qui observent avec intérêt ou dégoût les nombreuses équilibristes en action. N’étant que spectateur-trices ielle pourra s’ennuyer de la scène ou bien persévérer en applaudissant d’abord et en se lançant dans son grand numéro ensuite. Mais attention, tout individu pressé à danser des claquettes pour avoir sa place dans l’Affinité aura grand intérêt à manier certains mouvement s’il ne veut pas rencontrer le vide. Nombreux.ses seront celleux qui ont soit eu peur de se lancer par crainte de manquer d’énergie, de temps ou d’assurance, soit qui n’ont pas su intégrer les groupes rigides par manque d’intérêt et de convergence ou par rejet pur et simple…

Indirectement ou directement, le pauvre dit « non politisé » venu pour la première fois et par hasard aura autant de chance de remettre à nouveau les pieds dans certains endroits anarchistes qu’un jeune américain accro au fast food aurait de chance de croiser dans sa vie, une carotte bio.

Entre les débats sémantiques, les AG interminables où tout sujet tel que la vente d’alcool ou le titre d’un tract deviennent des campagnes politiques de plusieurs jours, les combats intellectuels ou philosophiques et les réunions préparées et contrôlées par les habitué.e.s, le ou la pauvre rencontre forcément un milieu qui lui est forcément hostile. Il m’arrive souvent de me demander qu’elle aurait été mon parcours ici auprès de vous, si je n’avais pas voyager à travers les continents durant deux ans, fait trois ans de sociologie et eu un autre parcours militant auparavant.

Je n’ai pu m’empêcher d’y repenser à nouveau cet été en me rendant à une rencontre dite « safe » d’anarchistes venus des quatres coins de l’Europe pour une semaine de partages et de détente. Tout y était magnifique, des artistes merveilleux étaient venus d’Angleterre, une horde de pirates avaient ramener tout leur staff’ et proposaient de partager tout une série de connaissance avec quiconque désireuse d’apprendre. Le soleil, la rivière, la musique et les délicieux repas vegan rythmaient nos journées pleine de rencontres et de bons temps. Cependant, ce ressenti positif ne semblait pas être partagé par tous et toutes. Se déroula durant cette semaine une réunion en non-mixité racisés regroupant quelques personnes parmi le peu de personnes de couleur présentes sur le camp cette année. IEls discutèrent entre elleux et décidèrent d’intervenir durant le carnaval du vendredi soir afin de faire un speech percutant sur le caractère blanc et hostile de ce genre d’événement. Ce texte parlait grosso modo d’éduquer le blanc à la décolonisation en l’empêchant ainsi de se réapproprier la culture issue des pays autrefois ou actuellement colonisés.

Le discours aussi courageux inattendu proposait en plusieurs points, et à la suite sur une émission radio émise durant les repas, aux blanc.hes d’abandonner leur dreadlocks, keffiehs palestiniens ou leurs tentes berbères. Malchanceuse de ne pas arriver sur scène cinq minutes avant, c’est à dire lorsque des dreadeux pouvaient encore apprécier leur thaï sur des tapis persans servi au milieu des attrapes- rêves amérindiens sans se poser de question, une jeune femme, à priori blanche, voulu chanter une chanson venant du Kenya afin « de rendre hommage à un peuple qui l’avait un jour accueilli les bras ouverts. » S’en suivit une réaction d’une autre femme blanche dans le public qui lui demandait d’arrêter : « Après cette intervention, je ne peux pas laisser faire ça ». Une division dans le public entre celleux qui voulaient l’entendre chanter et celleux qui voulaient qu’elle ne chante pas. Jusqu’à l’intervention d’un « concerné du groupe racisé » qui lui demanda de ne pas la chanter. Il se fit applaudir une nouvelle fois et une autre partie du public quitta simplement les lieux. Des discussions s’en suivir et une proposition d’AG le lendemain matin fut évoquée. Tout aurait pu se passer dans le calme et la compréhension des différents avis sur la question, avis qui par ailleurs n’avaient surtout rien à avoir avec la couleur de peau puisqu’autant de prétendus racisés que de prétendus blancs ne comprenaient pas le débat, étaient pour ou contre le nouveau (ou ancien selon qui) concept de réappropriation culturelle.

En effet, un grand groupe d’anarchistes irlandais avaient parfaitement intégrés les notions de réappropriation culturelles tandis que des groupes entiers de français par exemple n’en avait jamais entendu parler. Dès lors, un groupe de « pirates » était clairement visé et critiqué pour utiliser leur privillège de passeport de blanc (même s’ils ne l’étaient pas toutes) en voyageant à travers le monde et en se réappropriant toutes les cultures des pays qu’ielles traversèrent afin de vivre leur vie de bohème. Ce groupe qui ne comprenait pas du tout les critiques qui venaient à leurs oreilles au moyen du téléphones anar’ grossi et caricaturé par le cynisme, se voulait soit moqueur, soit sur la défensive. Quant aux organisateur-trices mêlé-e-s et soudés aux irlandais bien rodés et au groupe dit « anticolonial », iels étaient tout simplement persuadés d’être dans le juste et voulaient mettre tout en œuvre pour que cet endroit devienne « safe » au plus vite pour les opprimés.

Finalement, quasi toutes les activités de la fin du week-end furent annulées et remplacées par des cours particuliers sur le sujet, des disputes ou des discussions. Une action contre la Horde eut lieu le soir suivant et on empêcha également un de leur groupe de jouer sans que personne ne sâche finalement si c’était pour avoir dit « la musique c’est que de l’amour » ou si c’était parce « qu’il y avait des blancs dans un groupe de cumbia. » Suite à cela, un mec bourré accompagnant la Horde aurait dit à un des mecs anticolonial qu’il avait de la chance que « s’il avait été là, ça se serait pas passé comme ça ! ». Le lendemain un groupe exceptionnel, mixte et autodeterminé s’est formé dans une réunion fermée et on choisit ensemble d’aller expulser purement et simplement la Horde. Une trentaine de personnes ainsi que des spectateur-trices sont alors descendus à la rivière pour leur demander de partir. La Horde accepta mais à condition de ne pas avoir à partir derrière la foule hostile qui voulait les accompagner jusqu’à la sortie. Ce qui fut refuser. Bien pire, nous aurons même eu droit à des actes de violences envers des clowns, amis des pirates, qui disaient vouloir détendre l’atmosphère en mimant des agents de la circulation afin de frayer un chemin au convoi de camion des pirates qui quittait à présent les lieux petits à petits sous les au revoir satisfaits de quelques meneur-ses de l’action.

Tandis que j’étais entrain de me demander comment on avait pu en arriver là, j’étais surpris par le nombre de réactions enthousiastes frôlant parfois le sentiment de réussite et d’accomplissement de soi en tant qu’individu pur et bienveillant. « C’est la meilleure chose qu’il s’est passé cette semaine ! » s’écria l’une d’entre elle autour d’ami-e-s qui acquiesçaient euphoriquement.

C’était leur petite révolution antiraciste d’été menée une nouvelle fois à l’intérieur du milieu, le déchirant, le fragmentant toujours un peu plus pour n’obtenir à la fin que de petites sectes si parfaites qu’elles n’arrivent même plus à produire des actions ou des écrits pour l’autre monde, tellement bien plus racistes, tellement bien plus profondément sexistes, tellement bien plus capitalistes…

Pendant que des universitaires refont le monde à leur façon et débattent encore et encore sur les meilleurs comportements, choses à penser ou théoriser, il y aussi a aussi d’autres personnes, peut être parfois moins instruites en savoir froid, qui se battent au quotidien pour des valeurs anarchistes et ou des expériences anarchisantes par les actes. L’anarchiste n’est pas toujours le bon élève qui porte le drapeau en révisant Bakounine entre une table d’hôte et une réunion No Border. A l’heure où des mots comme celui de l’Anarchie ont été sali et transformé par les dominants « comme le chaos de toute société, de toute vie », il y a d’une part les gens extérieurs au mouvement qui ont été pour la plupart conditionnés à nous éviter, et d’autres part une bonne partie des anarchistes conscients qui idéalisent tellement le concept d’Anarchie comme étant l’ordre moins le pouvoir que cela ne se traduit surtout par une volonté prioritaire et acharnée de créer des espaces sans aucune oppression. Mais comme le pouvoir même dissipé est toujours là, nous n’obtenons que l’ordre. Comme l’oppression est en chacun-e de nous, nous apprenons surtout à nous compter dans le désordre.

En Belgique, le fantasme rébarbatif de « construire dans les quartiers », de créer des syndicats anarchistes ou de simplement tracter auprès d’une certaine population ne reste que des rêves ou une bonne parole à lancer dans la longue liste des « il faudrait faire ceci, cela et blablabla…. Lorsque l’on prend du recul deux minutes par rapport à une idéologie ou pire un dogme, on s’aperçoit qu’en réalité pour beaucoup la différence est dérangeante, voir parfois insupportable. Même si on le veut parce qu’on y croit, il est difficile de quitter son petit confort affectif, sa petite communauté pour aller à la rencontre d’un monde de cons responsable de nos souffrances. Comme l’esprit se veut critique et combatif comme la pensée radicale dont il est issu, il combattra et critiquera au quotidien c’est à dire au sein de son environnement. Comme son environnement a, pour beaucoup de raisons, tendance à se restreindre, ielle aura tendance à critiquer celleux qui l’entourent. Ainsi vint le jugement permanent et son grand marteau venant donner des coups de morales à quiconque prétendant avoir un projet politique. Tout le monde y va de son jugement et ainsi une salle de concert devient « de la gentrification », une occupation conventionné de « l’antisquat », une organisation ou une asbl « un bras armé du pouvoir ».

Pourtant, de la réappropriation culturelle à nos rapports au monde alternatif ou au mouvement sociaux, il ne s’agit pas toujours de prendre une position ferme binaire allant du bien pure au mal abominable, mais bien d’analyser concrètement avant tout ce qui nous divise mais aussi et surtout ce qui nous rapproche, c’est à dire être conscient de ce que nous pouvons en effet ne pas faire ensemble, mais aussi ce que nous pouvons faire avec certaines personnes que nous rencontrons dans nos quotidiens de lutte.

A force d’incohérence, avec les années le mouvement a du se réadapter à ses idéaux. En effet, je ne suis guère le premier à me rendre compte que la plupart de mes camarades sont blancs et bourgeois, l’écart des sexes a lui tendance à se réduire fortement mais restons attentifs et vigilent quant à l’exercice du pouvoir et les places que nous occupons. Face à cela, nous avons créé une hiérarchisation de la violence et distribué des cartes de légitimité à celleux qui composent le mouvement. Ainsi, certains sujets auront plus de légitimé ,voir une exclusivité, dans la bouche des dit-e-s concerné-e-s tandis que certains comportements seront légitimés quand d’autres seront proscris selon les rapports de dominations structurelles inhérents aux individus en interaction. Ces espèces de joker, dont peu de gens admettront qu’ils existent, sont censés permettre de rééquilibrer les inégalités vécues dans la société.

Nous transformons notre sensibilité au réel en posture militante imagée. Il y a des centaines d’exemples absurdes qui nous prouvent que nous sommes rattrappé-e-s dans la pratique par des théories qui ne tiennent finalement pas ensemble, qui s’annulent ou qui prennent le dessus, l’une sur l’autre. Dès lors, lorsqu’un mec palpe les couilles d’un pote et essaye de l’embrasser de force puis s’énerve en le dénigrant dans une soirée chaudière ça s’explique car l’homosexuel souffre de rejet et en plus le mâle dominant voit ce que ça fait alors que c’est quand même lui à la base l’oppresseur. Lorsqu’une femme coupe la parole à tout le monde en réunion et veut imposer toutes ces décisions, c’est bien car même si c’est une bourgeoise, d’habitude c’est toujours des hommes qui prennent le pouvoir… Lorsqu’un type déclare qu’il faut des nations noires en Europe pour renverser le capitalisme blanc dans un camp …No Border, c’est normal car avec ce que nous avons fait endurer aux noirs durant l’esclavage et encore aujourd’hui avec le racisme, la seule solution est qu’en tant qu’opprimés, ils se saisissent d’abord du pouvoir pour le redistribuer plus tard… Cette sociologie critique qui vint s’imposer à nous, nous empêche souvent d’être réellement attentif-v-e-s aux choses et cloisonne notre esprit critique ainsi que nos capacités d’observations dans des schémas globaux comme si chaque chose que nous vivons était à remettre en perspective avec la face du monde. Qui plus est, nous oublions bien souvent que les individus qui nous entourent sont avant tout des marginaux qui défient les lois de la statistique sur bien des sujets.

A titre personnel, je n’ai pas besoin que l’on viole mon consentement pour savoir que je n’ai pas le droit ni l’envie de le faire avec les autres. Je n’ai pas non plus besoin de savoir le sexe ou la couleur d’une personne pour savoir que celui ou celle qui souhaite me diriger peut bien aller se faire foutre. Et j’en attends de même de mes semblables. Bien en dehors des catégories sociales tout en étant conscient que nos sommes tous et toutes né-e-s dans des enclos inégaux, je suis avant tout un pirate désireux d’embarquer pour l’îlot ou le navire ou chacun-e a le même butin, les mêmes chances, les mêmes privilèges d’être tout simplement Libre ! Alors bourgeois, prêts à quitter la croisière de plaisance pour une aventure barbare ?

(1) Si nous étions une tribu, nous aurions 50 castes vénérant le travail et l’argent tout et en méprisant ainsi les oisifs et les pauvres.

(2) Inutile de rappeler ce qu’est la télé, un ramassis de merde lancé dans notre face pour endormir notre cerveau et lui vendre des produits et des valeurs introduite par la doxa. Bon, il arrive parfois qu’un miracle se produise et qu’une émission ou un documentaire vienne titiller notre esprit critique.

(3) Le fait de manger de la nourriture de récupération destinée à être jeter, qu’elle provienne d’animaux ou non. Généralement, celui ou celle qui se dit freegan est généralement végétarien, végétalien ou vegan dans l’alimentation qu’il/elle achète ou vole, selon les dictons et les pratiques.

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